"J’ai voulu un beau collectif qui va faire gagner notre ville", affirme PMK. "Je n’ai pas voulu de ces superstars qui vous pourrissent le vestiaire et vous plantent un match !" Photo Sophie Louvet
Le député LREM renonce à conduire lui-même une liste en mars prochain. Mais il figurera en 45e position sur celle de Laurence Fradj (LR) sur laquelle il assure jouer un rôle de « sélectionneur ».
Les uns y verront une preuve de franchise, d’autres une incapacité viscérale à se mettre en retrait. Après avoir ménagé le suspense pendant presque un an, Philippe Michel-Kleisbauer annonce qu’il ne briguera pas la mairie de Fréjus en mars. Toutefois, le député LREM figurera en 45e et dernière position sur la liste de Laurence Fradj (LR). Non éligible, mais non sans influence.
Pourquoi avoir finalement renoncé à vous présenter ?
Comme je l’ai toujours dit, je vais présenter aux Fréjusiens une équipe efficace, plurielle, née d’un rassemblement de la droite et du centre. J’y ai travaillé avec Philippe Mougin (1) dès mon élection [en 2017]. L’idée, c’était de proposer une liste d’union pour tourner la page de 2014. Avec une nouvelle génération et, si possible, une femme à sa tête. Cela impliquait que ceux qui ont déjà été candidats n’apparaissent pas parmi les premiers.
Vous serez, tout de même, présent sur une liste ?
Mieux que ça ! Je vais pousser une liste ! Mais, par respect pour les engagements que j’ai pris, par respect aussi pour les électeurs qui m’ont fait confiance comme député, je ne serai ni tête de liste, ni dans les adjoints puisque la loi m’interdit de cumuler. En revanche, je serai là pour me battre contre le Rassemblement national et mener cette campagne. De façon symbolique, je serai en dernière position.
Donc certain de ne pas être élu ?
En effet. J’engage mon nom, mon énergie, ma crédibilité, mais je ne trusterai aucun mandat, aucune présidence de syndicat. [Un temps] C’est une liste d’union pour sortir le RN de Fréjus. C’est moi qui la propose, depuis le début.
Qui figurera au casting ?
Parmi les cinq premiers, il y aura trois femmes et deux hommes. J’ai demandé à Laurence Fradj de tirer cette liste : c’est une jeune quadra, chef d’entreprise, juge au tribunal de commerce. En deuxième position, nous aurons Jean-Luc Epuron, un garçon que j’ai beaucoup côtoyé en mairie de Fréjus, très rigoureux sur les textes et souvent critiqué pour cela. Je voudrais lui confier l’urbanisme, car sa probité ne peut être mise en cause.
Ensuite ?
À la 3e place, Angélique Fernandes-Thomann (LREM), brillante avocate, présidente de Fréjus 2020, que je vais flécher vers la communauté d’agglomération. À la 4e place, Jérémy Campofranco (LR) qui exerce une profession libérale et est également pompier. Puis,
à la 5e place, un médecin, le Dr Catherine Abbat (LREM). Viendront derrière des sociaux-démocrates comme Gérard Setboune, ancien vice-président du Forum républicain. Et, très certainement, Jacky Giral (Europe Écologie - Les Verts). J’espère qu’il viendra vous l’annoncer lui-même…
Aux dernières nouvelles, les membres de EE-LV n’ont pas encore tranché la question ?
Elle devrait l’être bientôt. [Il sourit] Son ami Pierre Barbe devrait aussi être en bonne position sur notre liste. Car, depuis le début, nous travaillons ensemble. J’insiste sur le fait que ce sont des personnalités que j’ai approchées, pas des partis. Ce n’est pas Paris qui décide ! Chaque sensibilité sera représentée par un binôme au conseil d’adjoints.
Comme allez-vous concilier ces différentes sensibilités ?
C’est là que le choix de Laurence Fradj prend tout son sens. C’est une femme de dossiers qui a l’habitude d’écouter tout le monde, d’instruire à charge et à décharge, puis d’arbitrer. C’est une équipe que je propose. Toutes proportions gardées, j’ai voulu faire à Fréjus comme Deschamps avec l’équipe de France. Moi, là, je joue le rôle du sélectionneur. J’ai voulu un beau collectif qui va faire gagner notre ville ; je n’ai pas voulu de ces superstars qui vous pourrissent le vestiaire et vous plantent un match !
Vous faites allusion à Annie Soler et à Emmanuel Bonnemain ?
[Il hoche la tête] Ils me considéraient comme un obstacle à la victoire, je leur ai dit que ce ne serait pas le cas… puisque je suis dernier sur la liste. J’ai essayé d’expliquer à Mme Soler qu’elle pouvait avoir une place, même parmi les adjoints, mais pas dans les cinq ou six premiers ! Il faut du renouvellement. Annie Soler, elle, est là dès 2001… Elle part pour finir son quart de siècle d’élue ! Ce n’est pas possible.
Bonnemain n’est pas élu…
Mais il a été l’avocat d’Élie Brun, il était dans la partie ; il doit accepter de céder sa place. Ce sont eux qui créent la division, eux qui ont des problèmes d’ego. Alors je ne les prends pas. Comme Deschamps lorsqu’il n’a pas pris Ben Arfa et Benzema. Moi, c’est l’équipe de Fréjus que je présente : pas une superstar qui veut être maire.
Laurence Fradj a été investie par LR à une condition : qu’il n’y ait « ni rapprochement, ni compromission » avec LREM. Croyez-vous qu’elle conservera ce soutien désormais ?
Notre liste sera officiellement soutenue par LREM mercredi. Elle est déjà soutenue par l’UDI. je ne vois pas comment LR pourrait ne pas la soutenir. [Il sourit] Vous savez, j’ai d’excellentes relations avec Jean-Louis Masson, le patron des LR du Var, et Éric Ciotti, qui préside leur commission nationale d’investiture.
Vous avez longtemps hésité à vous présenter vous-même ?
Oui. J’ai pris ma décision début septembre, lorsque j’ai vu que l’équipe que j’avais constituée pouvait fonctionner de façon autonome.
Pourquoi avoir tant tardé à dévoiler votre décision ?
[Il sourit] Rester dans l’ambiguïté est un bon moyen de mobiliser les esprits.
En vous présentant comme le maître d’œuvre de cette liste, ne craignez-vous pas de dégrader la crédibilité de Laurence Fradj ?
Non. Mme Fradj n’est pas un pantin. Nous travaillons ensemble, comme nous le faisons d’ailleurs avec Philippe Mougin et Giselle Thollet-Paysan.
En cas de triangulaire au second tour, si vous êtes en troisième position, que ferez-vous ?
Je me désisterai. Sans hésiter.
En 2014 (2), vous avez appelé à voter pour Elie Brun qui était en troisième position…
C’était une erreur. Je le regrette, comme je regrette de m’être présenté à l’époque ; j’aurais mieux fait de ne pas y aller.
À l’époque, vous aviez dénoncé « l’axe Mougin-Ginesta ». Six ans après, tout est oublié ?
Nous nous sommes parlé. Beaucoup de choses ont été déformées… La réalité, celle que j’ai toujours répétée, c’est que je dois mon mandat de député à Jordi Ginesta. Face au FN, il n’a pas hésité une seconde à appeler à voter pour moi. Lui, c’est un véritable républicain !
1. Actuel leader de l’opposition LR au conseil municipal, il a annoncé en janvier dernier qu’il ne serait pas candidat aux prochaines municipales.
2. En 2014, la liste de PMK a obtenu 7,65 % des voix au premier tour.